J’envisage toujours le pire !

C’est la maraude du moment, une thématique chère à mes patients cette semaine. Et comme un de mes meilleurs amis est ceinture noire 5 ème dan en scénario catastrophe, c’est une problématique que j’aborde avec beaucoup d’expérience aujourd’hui, grâce à cette amitié de plus de 20 ans.

On va aborder ce sujet en trois parties :

  • Pourquoi nous utilisons la méthode du scenario catastrophe ?
  • Pourquoi nous en souffrons ?
  • Comment réajuster son comportement ?

J’espère qu’en abordant ce sujet, vous saurez relativiser à terme cette dynamique interne souvent
inconfortable.

« J’envisage le pire parce que comme ça, si le pire arrive, je m’y étais préparé et s’il n’arrive pas, au moins je suis content. »

Le raisonnement paraît se tenir…

Le fonctionnement de la méthode « au pire »

Il est intéressant de noter que ce comportement n’est pas un choix délibéré de l’individu. Sa biologie et plus précisément les mécanismes de son cerveau, influent sur le recours à ce mode de pensée.

En effet, les super-pouvoirs attribués par notre cerveau permettent de stocker des informations de notre passé et d’imaginer des scénarii possibles quant à notre futur. Notre organisme cherchant avant toute chose à préserver la vie en lui, il va conserver en haut de la pile du dossier « Souvenirs » tous nos souvenirs les plus douloureux.

Deuxième étape, il va projeter la probabilité que cet événement se reproduise dans le futur.

Si je grossis le raisonnement : « il m’est déjà arrivé ça donc voilà ce qui va se passer ». Cette capacité de prédiction est hautement douteuse d’un point de vue purement rationnel mais notre subjectivité, nos émotions associées à l’évènement vont nous faire passer tout ça comme étant réaliste. Si ce fonctionnement s’impose déjà sur des événements certes douloureux mais potentiellement anodins, imaginez un peu son intensité quand il s’agit d’événements traumatisants…

Pour faire passer la pilule, notre pensée dit : « Si le pire ne se produit pas, alors je suis content ». Mais souvent les patients confessent non pas être contents dans les faits, mais plutôt soulagés et trouver normal que ce soit bien passé. Donc finalement, cette méthode du scénario catastrophe présente surtout un avantage : nous entrainer par la pensée à faire face à une situation évaluée comme désagréable. D’ailleurs nos rêves ont également cette fonction, souvent notre inconscient cherche des chemins de résolution à nos problèmes.

Les 2 inconvénients de la méthode « au pire »

Un premier inconvénient est celui de la prophétie auto-révélatrice.

En ne cherchant que le pire, on finit par tomber dessus.

Petit exercice tout simple.

  • Prenez 10 secondes pour regarder autour de vous dans cette pièce et identifiez tous les objets complètement ou comprenant du blanc.
  • Regardez-bien.
  • Mémorisez bien.
  • Maintenant citez sans regarder tous les objets verts ou comprenant du vert de la pièce.

Difficile ? Vous constatez qu’en portant votre attention exclusivement sur un type d’objet, votre cerveau a automatiquement exclu le reste.

Aussi à force d’imaginer le pire, je passe peut-être à côté d’opportunités intéressantes. C’est ce que l’on appelle un biais attentionnel.

Ce même phénomène peut intervenir en psychologie du sport sous le nom de scénario ironique. Une équipe sait par exemple qu’il ne faut surtout pas qu’elle perde de tel ou tel score. Elle vient d’ancrer toute son attention sur ce score et va mettre en place des actions qui vont faire que ce score va se produire.
Il se peut aussi que le dialogue interne se déroule comme ça : « il ne faut surtout pas que je me fasse remonter au score », je vais sur-interpréter un point perdu ou une erreur comme «Oh non, le scénario est en train de se produire !».

Le 2ème inconvénient est que je me génère du stress en permanence.

Comme si la vie n’était déjà pas assez compliquée, en imaginant toujours le pire, je renforce une croyance sur mon incapacité à faire face aux événements. Evénements rappelons-le qui ne se sont pas encore produits et qui ne se produiront peut-être jamais ! Ainsi je crée une forme d’anxiété où l’avenir est toujours annonciateur de mauvaises nouvelles et pire encore, le présent aussi. Si tout va bien, c’est qu’il m’attend quelque chose de négatif… De ce fait, ces personnes ne profitent JAMAIS !

Des solutions

Comprendre que ce mécanisme est tout d’abord biologique.

Notre cerveau cherche des solutions à des problèmes déjà rencontrés ou potentiels. Et à vrai dire, c’est grâce à cela que je vais pouvoir augmenter mes ressources face à l’événement. On pourrait appeler ce mécanisme cognitif d’être centré sur le problème: rumination négative. Mon cerveau semble être en mode idée fixe et ne reste concentré que sur ce problème.

L’effort conscient que je vais devoir réaliser est de basculer en rumination positive, c’est-à- dire tourner mon attention sur la recherche de solutions. Sachant qu’il m’est arrivé ces expériences par le passé et sachant que j’ai tel objectif à l’avenir, voilà le comportement, la solution, que je vais mettre en œuvre. Au lieu d’être simplement concentré sur les peurs liées à l’événement, je vais pouvoir basculer dans des actions concrètes qui me dirigent vers mon objectif. C’est sur cela que repose les techniques de visualisation.

Plus facile à dire qu’à faire ? Vous avez raison ! Je suis bien conscient que cet effort particulier va nécessiter du courage et c’est parce que j’ai la conviction que cela peut améliorer votre quotidien, si vous parvenez à instaurer ce fonctionnement sur la durée, que je vous partage cet article.

Prenez bien soin de vous !